CONNAITRE LA PSYCHANALYSE

Réponse à un questionnement d’étudiants en formation Vittoz, à la suite d’un cours sur « Ethique et déontologie ».

"Je ne connais pas bien la psychanalyse".

Ce que j'ai entendu, venant de l'une d'entre vous, était "Je ne sais pas ( suffisamment) ce que c'est."

Derrière cette question, je crois avoir entendu aussi : "Moi, étudiante en formation Vittoz, j'aimerais savoir ce qu'est la psychanalyse, mais j'aimerais savoir si la connaissance de la psychanalyse est nécessaire pour transmettre le Vittoz…"

Nous allons donc dans un premier temps réfléchir à ce qu'est la connaissance de la psychanalyse, plus d'un siècle après sa naissance…Nous verrons ensuite ce qu'il peut y avoir de commun et de différent entre psychanalyse et méthode Vittoz… Enfin, nous chercherons à cerner la nécessité - ou non - de connaître la psychanalyse pour transmettre la méthode Vittoz.

CONNAITRE LA PSYCHANALYSE :

Connaître : savoir; mais aussi reconnaître, distinguer une chose d'une autre…avoir dans l'esprit en tant qu'objet de pensée… Cela va d'une connaissance a minima à une recherche approfondie…

Vous avez pris connaissance de la méthode Vittoz, au cours de ces quatre années (plus pour certains d'entre vous) de deux manières :

la pratique :vécu des exercices proposés pendant les cours et travail , didactique (les exercices encore) et thérapeutique, avec vos formateurs;

la théorie : comment "ça se fait", ce qui se passe (sur le plan de la neuro-physiologie, sur le plan de la psychologie…) , comment "bien" induire, qu'est-ce qui se passe au cours des exercices, la relation thérapeutique…
Ce développement de votre savoir s'est fait, tout au long des quatre années de formation. Mais, vous l'avez senti, c'est aussi parce que vous avez découvert par le vécu corporel, les bienfaits de la méthode Vittoz, que vous la connaissez .

Dans le même esprit, on peut aborder la connaissance de la psychanalyse de deux façons :

en faisant une cure psychanalytique: et si, le plus souvent, elle s'adresse à un certain type de personnes en souffrance, d'autres vont chercher, chez Freud et ses successeurs, une certaine forme de culture, un enrichissement de leur forme de pensée.


de manière plus intellectuelle, en lisant : Freud , Jung et leurs successeurs (et chez nous, Vittoziens, la lecture permettra forcément des résonances corporelles…

Mais je crois entendre, aussi, dans votre question : dans la formation que vous recevez, dans le but de transmettre le message de Vittoz, est-il nécessaire de connaître la psychanalyse? Quelle connaissance? Est-il nécessaire d'avoir fait un parcours analytique?

" L'honnête homme" du XXI° siècle a intérêt, pour comprendre ses semblables et communiquer au mieux, à se tenir au courant des grandes écoles de pensée… une initiation aux théories de Freud fait partie de la culture philosophique.

D'autre part, comme vous le savez, chacun d'entre nous est unique, et découvrira, approfondira, sa voie… par des lectures, par des rencontres; il nourrit son savoir . Mais parallèlement il enrichit son être.

CE QU'IL Y A DE COMMUN ENTRE FREUD ET VITTOZ

Nous ne savons pas si Vittoz avait entendu parler de Freud. Lorsqu'il parle de "cerveau conscient", Vittoz emploie le concept "conscient" dans un sens différent de ce qu'en dit Freud.

Cependant, il est un terme, très important, que nous retrouvons dans les écrits de chacun d'eux : le cliché.

Au cours de votre thérapie, à partir des exercices, des "expériences" , vous avez été en relation avec vos émotions, vous avez rencontré un "cliché"… Vous avez découvert que la pratique vittozienne peut vous mettre en relation avec votre inconscient.

Pour Vittoz : "Il n'est pas de psychasthénique qui ne présente dans le cours de la maladie certains symptômes apparaissant brusquement sous certaines conditions et dont, au premier abord, la cause paraît inexplicable. Cela peut être un malaise, une peur, une angoisse, comme aussi un symptôme physique, douleur, vertiges, nausées, palpitations .
Cette cause inexplicable n'est, au fond, qu'une impression ancienne, cristallisée pour ainsi dire dans le cerveau, qui reproduit toujours le même symptôme par un mécanisme inconscient du malade; elle est presque toujours ignorée du patient, ou, s'il la connaît, il ne lui attribue pas les symptômes qu'elle produit. Nous lui donnons le nom de cliché, du fait de sa persistance."

Pour Freud : " Noublions pas que tout individu, de par l'action concomitante d'une prédisposition naturelle et des faits survenus pendant son enfance, possède une manière d'être personnelle , déterminée, de vivre sa vie amoureuse, c'est-à-dire que sa façon d'aimer est soumise à certaines conditions, qu'il y satisfait certaines pulsions et qu'il se pose certains buts. On obtient ainsi une sorte de cliché (quelquefois plusieurs), cliché qui, au cours de l'existence, se répète plusieurs fois,se reproduit quand les circonstances extérieures et la nature des objets aimés accessibles le permettent et peuvent , dans une certaine mesure, être modifiés par des impressions ultérieures. (…) Tout individu auquel la réalité n'apporte pas la satisfaction entière de son besoin d'amour se tourne inévitablement , avec un certain espoir libidinal, vers tout nouveau personnage qui entre dans sa vie , et il est dès lors plus que probable que les deux parts de sa libido, celle qui est capable d'accéder au conscient et celle qui demeure inconsciente, vont jouer leur rôle dans cette attitude.
Il est ainsi tout à fait normal et compréhensible de voir l'état libidinal en état d'attente et tout prêt, comme il l'est chez ceux qui ne sont qu'imparfaitement satisfaits, à se porter sur la personne du médecin. ..… Cet investissement va s'attacher à des prototypes, conformément à l'un des clichés déjà présents chez le sujet en question. … ..Le transfert est dû non seulement aux idées et aux espoirs conscients du patient , mais aussi à tout ce qui a été réprimé et est devenu inconscient".

Vous le voyez Freud, parlant du cliché, parle du transfert, dont vous savez qu'il fait partie de la thérapie, quelle que soit sa forme. Mais, même si Vittoz n'a pas théorisé sur le transfert, nous savons bien que cette relation si particulière entre thérapeute et patient joue un rôle important dans la relation thérapeutique.

LE QUESTIONNEMENT DE CHACUN

Vous avez eu des cours d'initiation à la psychanalyse. Plusieurs enseignants vous ont conseillé la lecture d'ouvrages de psychanalyse : Freud, mais aussi Anzieu, Winnicott, Mélanie Klein, Bonnafé, Harold Searles, Dolto… vous les avez lus en relation avec ce que vous savez, ce que vous vivez, de la thérapie Vittoz… Sans un minimum de connaissance, vous n'auriez pu assimiler les cours de psycho-pathologie… Mais nous ne vous avons pas demandé d'aller aussi loin que les personnes qui se préparent à devenir psychanalystes…

Vous allez poursuivre recherche de connaissances, lectures, éventuellement conférences, séminaires… Quelle est la part que vous devrez donner à la poursuite de cette connaissance psychanalytique?

QUEL VITTOZIEN SEREZ-VOUS?

En ce moment de votre formation, vous cherchez à préciser ce que vous ferez de cette formation :

- certains d'entre vous proposeront des expériences Vittoz dans des établissements scolaires, dans des écoles d'infirmiers, d'assistants sociaux, dans des entreprises, dans des maisons de retraite……

- d'autres choisiront de proposer - en groupe ou individuellement - cet art de vivre qu'est la méthode à des personnes qui ne souhaitent pas faire une psychothérapie longue et approfondie;

- vous proposerez peut-être de vivre une expérience vittozienne en même temps qu'une autre technique (yoga, gymnastique holistique, peinture ou modelage…) dans la recherche d'un "mieux-vivre", ou avec un projet thérapeutique…

- d'autres encore souhaiteront être psychothérapeutes psychocorporels Vittoz.

Il n'y a pas un chemin qui serait le même pour tous.
Chacun d'entre vous, dans son évolution spécifique, ira dans telle ou telle direction. Ce choix se fera, souvent, avec votre thérapeute…


La "formation après la formation", qui va commencer pour vous, vous permettra de préciser votre désir, vos tendances… par la Formation Permanente, à l'I R D C et/ou ailleurs… Et c'est en fonction du type de travail que vous ferez qu'il sera nécessaire ou non d'approfondir un lien avec la psychanalyse…ou avec d'autres recherches ou techniques…

En ce qui concerne la psychanalyse, comment approfondir cette connaissance ?…

À partir de vos cours, vous avez déjà une bibliographie importante, qui doit vous aider. Les livres que vous ont conseillé vos thérapeutes et que vous n'avez pas encore lus, vous y viendrez , peut être à propos d'une difficulté personnelle, peut être parce que le problème posé par un patient vous y enverra…peut être par curiosité…

Vous pourrez aussi être intéressés par des conférences, dont certaines sont faites par des psychanalystes… Là aussi, si vous en tirez un savoir, vous vous laisserez surtout questionner par elles.

Si vous avez du mal avec les concepts analytiques, vous pouvez lire, d'abord, un ouvrage qui a été célèbre en son temps (les années 60, à une époque où le grand public commençait à s'intéresser à la psychanalyse). C'est le récit d'une femme qui raconte sa psychanalyse. Pour nous, thérapeutes somato-psychiques, cela est particulièrement intéressant : il s'agit de souffrances qui passent par le corps, et d'une sorte de "renaissance" à partir des mots qui disent ces souffrances… Il s'agit du livre de Marie Cardinal : "Les mots pour le dire"… des mots concrets, et non un langage cérébral…

L'essentiel n'est pas "tout connaître de la psychanalyse", mais vous développerez votre écoute de l'inconscient (le votre, celui du patient). Nous avons vu en effet que c'est ce qu'il y a de commun entre Freud et Vittoz.

Vous avez, ou vous allez avoir des patients. Vous irez donc voir un superviseur. Et là, il y aura trois personnes :

le patient, puisque vous arriverez avec son histoire, ses attitudes corporelles, ses mots… ses difficultés, parfois, au cours d'un exercice… ses larmes et ses "progrès"…
vous: en parlant du patient, et des questions qu'il vous pose, vous parlerez de vous…
le superviseur, qui par ses questions, ses reformulations, parfois ses silences, vous permettra d'entendre ce qui, du dialogue d'inconscient à inconscient avec le patient, n'avait pas été entendu…

Il ne s'agit donc pas d'un travail de psychanalyse (ne nous prenons surtout pas pour des psychanalystes), mais d'un travail qui développera peu à peu votre capacité à entendre ce qui n'est pas dit, chez les patients que vous accompagnerez, mais aussi chez vous.

Cette "deuxième tranche" de formation prend corps à partir du travail fait avec votre premier patient qui, comme le dit Winnicott, va "payer pour vous instruire".

Il s'agit d'une clarification qui se fait par le vécu relationnel entre trois personnes : le patient, le superviseur et vous…

Sachez qu'une liste de superviseurs est en préparation à l'IRDC. Ces superviseurs vittoziens, il leur est demandé d'avoir fait un parcours analytique. Si vous choisissez un superviseur "hors IRDC", ce sera forcément quelqu'un qui aura travaillé sur son inconscient. Dans tous les cas, l'attitude du superviseur, ses questions, la qualité de ses silences, ses reformulations, vous permettront d'éclaircir votre écoute des patients, votre attitude envers eux. De voir si, pour un patient donné à un moment donné, vous serez plutôt dans le conseil, dans un échange de personne à personne, ou si se met en place une relation d'inconscient à inconscient.

Cette capacité de questionnement, liée à la culture du doute, nous permet de ne pas "manipuler" le patient, de le laisser libre de ses associations…en lui laissant le temps nécessaire à son évolution … en respectant ses résistances… en respectant vos résistances, mais en les travaillant…
Vous forcer, ou vous interdire, serait dommageable et pour vos patients et pour vous…
C'est cela, plus qu'une culture analytique qui resterait purement cérébrale, qui vous conduira.

Votre capacité de questionnement, liée à la culture de la remise en question, nous permet de ne pas "manipuler" le patient, de le laisser libre de ses associations… en lui permettant de prendre le temps nécessaire… en respectant ses résistances, tout en l'aidant à les assouplir, en respectant, mais aussi en travaillant vos propres résistances…

Tout cela fait partie de votre formation permanente, et il se pourra qu'un jour vous ressentiez le besoin de fortifier votre capacité d'écoute et, spontanément, vous élargirez vos recherches. Là aussi, votre superviseur sera là pour vous permettre de choisir les chemins qui seraient bons pour vous…

Comme vous le voyez, le chemin que vous suivrez ne sera pas tout tracé, il se construira en marchant .







CONNAITRE LA PSYCHANALYSE

Réponse à un questionnement d’étudiants en formation Vittoz, à la suite d’un cours sur « Ethique et déontologie ».

"Je ne connais pas bien la psychanalyse".

Ce que j'ai entendu, venant de l'une d'entre vous, était "Je ne sais pas ( suffisamment) ce que c'est."

Derrière cette question, je crois avoir entendu aussi : "Moi, étudiante en formation Vittoz, j'aimerais savoir ce qu'est la psychanalyse, mais j'aimerais savoir si la connaissance de la psychanalyse est nécessaire pour transmettre le Vittoz…"

Nous allons donc dans un premier temps réfléchir à ce qu'est la connaissance de la psychanalyse, plus d'un siècle après sa naissance…Nous verrons ensuite ce qu'il peut y avoir de commun et de différent entre psychanalyse et méthode Vittoz… Enfin, nous chercherons à cerner la nécessité - ou non - de connaître la psychanalyse pour transmettre la méthode Vittoz.

CONNAITRE LA PSYCHANALYSE :
Connaître : savoir; mais aussi reconnaître, distinguer une chose d'une autre…avoir dans l'esprit en tant qu'objet de pensée… Cela va d'une connaissance a minima à une recherche approfondie…

Vous avez pris connaissance de la méthode Vittoz, au cours de ces quatre années (plus pour certains d'entre vous) de deux manières :

la pratique :vécu des exercices proposés pendant les cours et travail , didactique (les exercices encore) et thérapeutique, avec vos formateurs;

la théorie : comment "ça se fait", ce qui se passe (sur le plan de la neuro-physiologie, sur le plan de la psychologie…) , comment "bien" induire, qu'est-ce qui se passe au cours des exercices, la relation thérapeutique…
Ce développement de votre savoir s'est fait, tout au long des quatre années de formation. Mais, vous l'avez senti, c'est aussi parce que vous avez découvert par le vécu corporel, les bienfaits de la méthode Vittoz, que vous la connaissez .

Dans le même esprit, on peut aborder la connaissance de la psychanalyse de deux façons :

en faisant une cure psychanalytique: et si, le plus souvent, elle s'adresse à un certain type de personnes en souffrance, d'autres vont chercher, chez Freud et ses successeurs, une certaine forme de culture, un enrichissement de leur forme de pensée.


de manière plus intellectuelle, en lisant : Freud , Jung et leurs successeurs (et chez nous, Vittoziens, la lecture permettra forcément des résonances corporelles…

Mais je crois entendre, aussi, dans votre question : dans la formation que vous recevez, dans le but de transmettre le message de Vittoz, est-il nécessaire de connaître la psychanalyse? Quelle connaissance? Est-il nécessaire d'avoir fait un parcours analytique?

" L'honnête homme" du XXI° siècle a intérêt, pour comprendre ses semblables et communiquer au mieux, à se tenir au courant des grandes écoles de pensée… une initiation aux théories de Freud fait partie de la culture philosophique.

D'autre part, comme vous le savez, chacun d'entre nous est unique, et découvrira, approfondira, sa voie… par des lectures, par des rencontres; il nourrit son savoir . Mais parallèlement il enrichit son être.

CE QU'IL Y A DE COMMUN ENTRE FREUD ET VITTOZ
Nous ne savons pas si Vittoz avait entendu parler de Freud. Lorsqu'il parle de "cerveau conscient", Vittoz emploie le concept "conscient" dans un sens différent de ce qu'en dit Freud.

Cependant, il est un terme, très important, que nous retrouvons dans les écrits de chacun d'eux : le cliché.

Au cours de votre thérapie, à partir des exercices, des "expériences" , vous avez été en relation avec vos émotions, vous avez rencontré un "cliché"… Vous avez découvert que la pratique vittozienne peut vous mettre en relation avec votre inconscient.

Pour Vittoz : "Il n'est pas de psychasthénique qui ne présente dans le cours de la maladie certains symptômes apparaissant brusquement sous certaines conditions et dont, au premier abord, la cause paraît inexplicable. Cela peut être un malaise, une peur, une angoisse, comme aussi un symptôme physique, douleur, vertiges, nausées, palpitations .
Cette cause inexplicable n'est, au fond, qu'une impression ancienne, cristallisée pour ainsi dire dans le cerveau, qui reproduit toujours le même symptôme par un mécanisme inconscient du malade; elle est presque toujours ignorée du patient, ou, s'il la connaît, il ne lui attribue pas les symptômes qu'elle produit. Nous lui donnons le nom de cliché, du fait de sa persistance."

Pour Freud : " Noublions pas que tout individu, de par l'action concomitante d'une prédisposition naturelle et des faits survenus pendant son enfance, possède une manière d'être personnelle , déterminée, de vivre sa vie amoureuse, c'est-à-dire que sa façon d'aimer est soumise à certaines conditions, qu'il y satisfait certaines pulsions et qu'il se pose certains buts. On obtient ainsi une sorte de cliché (quelquefois plusieurs), cliché qui, au cours de l'existence, se répète plusieurs fois,se reproduit quand les circonstances extérieures et la nature des objets aimés accessibles le permettent et peuvent , dans une certaine mesure, être modifiés par des impressions ultérieures. (…) Tout individu auquel la réalité n'apporte pas la satisfaction entière de son besoin d'amour se tourne inévitablement , avec un certain espoir libidinal, vers tout nouveau personnage qui entre dans sa vie , et il est dès lors plus que probable que les deux parts de sa libido, celle qui est capable d'accéder au conscient et celle qui demeure inconsciente, vont jouer leur rôle dans cette attitude.
Il est ainsi tout à fait normal et compréhensible de voir l'état libidinal en état d'attente et tout prêt, comme il l'est chez ceux qui ne sont qu'imparfaitement satisfaits, à se porter sur la personne du médecin. ..… Cet investissement va s'attacher à des prototypes, conformément à l'un des clichés déjà présents chez le sujet en question. … ..Le transfert est dû non seulement aux idées et aux espoirs conscients du patient , mais aussi à tout ce qui a été réprimé et est devenu inconscient".

Vous le voyez Freud, parlant du cliché, parle du transfert, dont vous savez qu'il fait partie de la thérapie, quelle que soit sa forme. Mais, même si Vittoz n'a pas théorisé sur le transfert, nous savons bien que cette relation si particulière entre thérapeute et patient joue un rôle important dans la relation thérapeutique.

LE QUESTIONNEMENT DE CHACUN

Vous avez eu des cours d'initiation à la psychanalyse. Plusieurs enseignants vous ont conseillé la lecture d'ouvrages de psychanalyse : Freud, mais aussi Anzieu, Winnicott, Mélanie Klein, Bonnafé, Harold Searles, Dolto… vous les avez lus en relation avec ce que vous savez, ce que vous vivez, de la thérapie Vittoz… Sans un minimum de connaissance, vous n'auriez pu assimiler les cours de psycho-pathologie… Mais nous ne vous avons pas demandé d'aller aussi loin que les personnes qui se préparent à devenir psychanalystes…


Vous allez poursuivre recherche de connaissances, lectures, éventuellement conférences, séminaires… Quelle est la part que vous devrez donner à la poursuite de cette connaissance psychanalytique?

QUEL VITTOZIEN SEREZ-VOUS?

En ce moment de votre formation, vous cherchez à préciser ce que vous ferez de cette formation :

- certains d'entre vous proposeront des expériences Vittoz dans des établissements scolaires, dans des écoles d'infirmiers, d'assistants sociaux, dans des entreprises, dans des maisons de retraite……

- d'autres choisiront de proposer - en groupe ou individuellement - cet art de vivre qu'est la méthode à des personnes qui ne souhaitent pas faire une psychothérapie longue et approfondie;

- vous proposerez peut-être de vivre une expérience vittozienne en même temps qu'une autre technique (yoga, gymnastique holistique, peinture ou modelage…) dans la recherche d'un "mieux-vivre", ou avec un projet thérapeutique…

- d'autres encore souhaiteront être psychothérapeutes psychocorporels Vittoz.

Il n'y a pas un chemin qui serait le même pour tous.
Chacun d'entre vous, dans son évolution spécifique, ira dans telle ou telle direction. Ce choix se fera, souvent, avec votre thérapeute…


La "formation après la formation", qui va commencer pour vous, vous permettra de préciser votre désir, vos tendances… par la Formation Permanente,à l'I R D C et/ou ailleurs… Et c'est en fonction du type de travail que vous ferez qu'il sera nécessaire ou non d'approfondir un lien avec la psychanalyse…ou avec d'autres recherches ou techniques…

En ce qui concerne la psychanalyse, comment approfondir cette connaissance ?…

À partir de vos cours, vous avez déjà une bibliographie importante, qui doit vous aider. Les livres que vous ont conseillé vos thérapeutes et que vous n'avez pas encore lus, vous y viendrez , peut être à propos d'une difficulté personnelle, peut être parce que le problème posé par un patient vous y enverra…peut être par curiosité…

Vous pourrez aussi être intéressés par des conférences, dont certaines sont faites par des psychanalystes… Là aussi, si vous en tirez un savoir, vous vous laisserez surtout questionner par elles.

Si vous avez du mal avec les concepts analytiques, vous pouvez lire, d'abord, un ouvrage qui a été célèbre en son temps (les années 60, à une époque où le grand public commençait à s'intéresser à la psychanalyse). C'est le récit d'une femme qui raconte sa psychanalyse. Pour nous, thérapeutes somato-psychiques, cela est particulièrement intéressant : il s'agit de souffrances qui passent par le corps, et d'une sorte de "renaissance" à partir des mots qui disent ces souffrances… Il s'agit du livre de Marie Cardinal : "Les mots pour le dire"… des mots concrets, et non un langage cérébral…

L'essentiel n'est pas "tout connaître de la psychanalyse", mais vous développerez votre écoute de l'inconscient (le votre, celui du patient). Nous avons vu en effet que c'est ce qu'il y a de commun entre Freud et Vittoz.

Vous avez, ou vous allez avoir des patients. Vous irez donc voir un superviseur. Et là, il y aura trois personnes :

le patient, puisque vous arriverez avec son histoire, ses attitudes corporelles, ses mots… ses difficultés, parfois, au cours d'un exercice… ses larmes et ses "progrès"…
vous: en parlant du patient, et des questions qu'il vous pose, vous parlerez de vous…
le superviseur, qui par ses questions, ses reformulations, parfois ses silences, vous permettra d'entendre ce qui, du dialogue d'inconscient à inconscient avec le patient, n'avait pas été entendu…

Il ne s'agit donc pas d'un travail de psychanalyse (ne nous prenons surtout pas pour des psychanalystes), mais d'un travail qui développera peu à peu votre capacité à entendre ce qui n'est pas dit, chez les patients que vous accompagnerez, mais aussi chez vous.

Cette "deuxième tranche" de formation prend corps à partir du travail fait avec votre premier patient qui, comme le dit Winnicott, va "payer pour vous instruire".

Il s'agit d'une clarification qui se fait par le vécu relationnel entre trois personnes : le patient, le superviseur et vous…

Sachez qu'une liste de superviseurs est en préparation à l'IRDC. Ces superviseurs vittoziens, il leur est demandé d'avoir fait un parcours analytique. Si vous choisissez un superviseur "hors IRDC", ce sera forcément quelqu'un qui aura travaillé sur son inconscient. Dans tous les cas, l'attitude du superviseur, ses questions, la qualité de ses silences, ses reformulations, vous permettront d'éclaircir votre écoute des patients, votre attitude envers eux. De voir si, pour un patient donné à un moment donné, vous serez plutôt dans le conseil, dans un échange de personne à personne, ou si se met en place une relation d'inconscient à inconscient.

Cette capacité de questionnement, liée à la culture du doute, nous permet de ne pas "manipuler" le patient, de le laisser libre de ses associations…en lui laissant le temps nécessaire à son évolution … en respectant ses résistances… en respectant vos résistances, mais en les travaillant…
Vous forcer, ou vous interdire, serait dommageable et pour vos patients et pour vous…
C'est cela, plus qu'une culture analytique qui resterait purement cérébrale, qui vous conduira.

Votre capacité de questionnement, liée à la culture de la remise en question, nous permet de ne pas "manipuler" le patient, de le laisser libre de ses associations… en lui permettant de prendre le temps nécessaire… en respectant ses résistances, tout en l'aidant à les assouplir, en respectant, mais aussi en travaillant vos propres résistances…

Tout cela fait partie de votre formation permanente, et il se pourra qu'un jour vous ressentiez le besoin de fortifier votre capacité d'écoute et, spontanément, vous élargirez vos recherches. Là aussi, votre superviseur sera là pour vous permettre de choisir les chemins qui seraient bons pour vous…

Comme vous le voyez, le chemin que vous suivrez ne sera pas tout tracé, il se construira en marchant .


Écoutons le poète Antonio Machado :



Marcheur, ce sont tes traces,
Ce chemin et rien de plus;
Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se construit en marchant.
En marchant se construit le chemin
Et en regardant en arrière,
On voit la sente que jamais
On ne foulera à nouveau.
Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Seulement des sillages sur la mer.


Suivez votre voie.

Mars 2011