CONNAITRE
LA PSYCHANALYSE
Réponse à un questionnement
d’étudiants en formation Vittoz, à la suite
d’un cours sur « Ethique et
déontologie ».
"Je ne connais pas bien la psychanalyse".
Ce que j'ai entendu, venant de l'une d'entre vous, était
"Je ne sais pas ( suffisamment) ce que c'est."
Derrière cette question, je crois avoir entendu aussi :
"Moi, étudiante en formation Vittoz, j'aimerais savoir ce
qu'est la psychanalyse, mais j'aimerais savoir si la
connaissance de la psychanalyse est nécessaire pour
transmettre le Vittoz…"
Nous allons donc dans un premier temps réfléchir à ce
qu'est la connaissance de la psychanalyse, plus d'un siècle
après sa naissance…Nous verrons ensuite ce qu'il
peut y avoir de commun et de différent entre psychanalyse
et méthode Vittoz… Enfin, nous chercherons à cerner
la nécessité - ou non - de connaître la psychanalyse pour
transmettre la méthode Vittoz.
CONNAITRE LA PSYCHANALYSE :
Connaître : savoir; mais aussi reconnaître, distinguer une
chose d'une autre…avoir dans l'esprit en tant
qu'objet de pensée… Cela va d'une connaissance a
minima à une recherche approfondie…
Vous avez pris connaissance de la méthode Vittoz, au cours
de ces quatre années (plus pour certains d'entre vous) de
deux manières :
la pratique :vécu des exercices
proposés pendant les cours et travail , didactique (les
exercices encore) et thérapeutique, avec vos formateurs;
la théorie : comment "ça se
fait", ce qui se passe (sur le plan de la
neuro-physiologie, sur le plan de la psychologie…) ,
comment "bien" induire, qu'est-ce qui se passe au cours des
exercices, la relation thérapeutique…
Ce développement de votre savoir s'est fait, tout au long
des quatre années de formation. Mais, vous l'avez senti,
c'est aussi parce que vous avez découvert par le vécu
corporel, les bienfaits de la méthode Vittoz, que vous la
connaissez .
Dans le même esprit, on peut aborder la connaissance de la
psychanalyse de deux façons :
en faisant une cure
psychanalytique: et si, le plus souvent, elle s'adresse à
un certain type de personnes en souffrance, d'autres vont
chercher, chez Freud et ses successeurs, une certaine forme
de culture, un enrichissement de leur forme de pensée.
de manière plus intellectuelle,
en lisant : Freud , Jung et leurs successeurs (et chez
nous, Vittoziens, la lecture permettra forcément des
résonances corporelles…
Mais je crois entendre, aussi, dans votre question : dans
la formation que vous recevez, dans le but de transmettre
le message de Vittoz, est-il nécessaire de connaître la
psychanalyse? Quelle connaissance? Est-il nécessaire
d'avoir fait un parcours analytique?
" L'honnête homme" du XXI° siècle a intérêt, pour
comprendre ses semblables et communiquer au mieux, à se
tenir au courant des grandes écoles de pensée… une
initiation aux théories de Freud fait partie de la culture
philosophique.
D'autre part, comme vous le savez, chacun d'entre nous est
unique, et découvrira, approfondira, sa voie… par
des lectures, par des rencontres; il nourrit son savoir .
Mais parallèlement il enrichit son être.
CE QU'IL Y A DE COMMUN ENTRE
FREUD ET VITTOZ
Nous ne savons pas si Vittoz avait entendu parler de Freud.
Lorsqu'il parle de "cerveau conscient", Vittoz emploie le
concept "conscient" dans un sens différent de ce qu'en dit
Freud.
Cependant, il est un terme, très important, que nous
retrouvons dans les écrits de chacun d'eux : le cliché.
Au cours de votre thérapie, à partir des exercices, des
"expériences" , vous avez été en relation avec vos
émotions, vous avez rencontré un "cliché"… Vous avez
découvert que la pratique vittozienne peut vous mettre en
relation avec votre inconscient.
Pour Vittoz : "Il n'est pas de psychasthénique qui ne
présente dans le cours de la maladie certains symptômes
apparaissant brusquement sous certaines conditions et dont,
au premier abord, la cause paraît inexplicable. Cela peut
être un malaise, une peur, une angoisse, comme aussi un
symptôme physique, douleur, vertiges, nausées, palpitations
.
Cette cause inexplicable n'est, au fond, qu'une impression
ancienne, cristallisée pour ainsi dire dans le cerveau, qui
reproduit toujours le même symptôme par un mécanisme
inconscient du malade; elle est presque toujours ignorée du
patient, ou, s'il la connaît, il ne lui attribue pas les
symptômes qu'elle produit. Nous lui donnons le nom de
cliché, du fait de sa persistance."
Pour Freud : " Noublions pas que tout individu, de par
l'action concomitante d'une prédisposition naturelle et des
faits survenus pendant son enfance, possède une manière
d'être personnelle , déterminée, de vivre sa vie amoureuse,
c'est-à-dire que sa façon d'aimer est soumise à certaines
conditions, qu'il y satisfait certaines pulsions et qu'il
se pose certains buts. On obtient ainsi une sorte de cliché
(quelquefois plusieurs), cliché qui, au cours de
l'existence, se répète plusieurs fois,se reproduit quand
les circonstances extérieures et la nature des objets aimés
accessibles le permettent et peuvent , dans une certaine
mesure, être modifiés par des impressions ultérieures.
(…) Tout individu auquel la réalité n'apporte pas la
satisfaction entière de son besoin d'amour se tourne
inévitablement , avec un certain espoir libidinal, vers
tout nouveau personnage qui entre dans sa vie , et il est
dès lors plus que probable que les deux parts de sa libido,
celle qui est capable d'accéder au conscient et celle qui
demeure inconsciente, vont jouer leur rôle dans cette
attitude.
Il est ainsi tout à fait normal et compréhensible de voir
l'état libidinal en état d'attente et tout prêt, comme il
l'est chez ceux qui ne sont qu'imparfaitement satisfaits, à
se porter sur la personne du médecin. ..… Cet
investissement va s'attacher à des prototypes, conformément
à l'un des clichés déjà présents chez le sujet en question.
… ..Le transfert est dû non seulement aux idées et
aux espoirs conscients du patient , mais aussi à tout ce
qui a été réprimé et est devenu inconscient".
Vous le voyez Freud, parlant du cliché, parle du transfert,
dont vous savez qu'il fait partie de la thérapie, quelle
que soit sa forme. Mais, même si Vittoz n'a pas théorisé
sur le transfert, nous savons bien que cette relation si
particulière entre thérapeute et patient joue un rôle
important dans la relation thérapeutique.
LE QUESTIONNEMENT DE CHACUN
Vous avez eu des cours d'initiation à la psychanalyse.
Plusieurs enseignants vous ont conseillé la lecture
d'ouvrages de psychanalyse : Freud, mais aussi Anzieu,
Winnicott, Mélanie Klein, Bonnafé, Harold Searles,
Dolto… vous les avez lus en relation avec ce que
vous savez, ce que vous vivez, de la thérapie
Vittoz… Sans un minimum de connaissance, vous
n'auriez pu assimiler les cours de
psycho-pathologie… Mais nous ne vous avons pas
demandé d'aller aussi loin que les personnes qui se
préparent à devenir psychanalystes…
Vous allez poursuivre recherche de connaissances, lectures,
éventuellement conférences, séminaires… Quelle est
la part que vous devrez donner à la poursuite de cette
connaissance psychanalytique?
QUEL VITTOZIEN SEREZ-VOUS?
En ce moment de votre formation, vous cherchez à préciser
ce que vous ferez de cette formation :
- certains d'entre vous proposeront des expériences Vittoz
dans des établissements scolaires, dans des écoles
d'infirmiers, d'assistants sociaux, dans des entreprises,
dans des maisons de retraite……
- d'autres choisiront de proposer - en groupe ou
individuellement - cet art de vivre qu'est la méthode à des
personnes qui ne souhaitent pas faire une psychothérapie
longue et approfondie;
- vous proposerez peut-être de vivre une expérience
vittozienne en même temps qu'une autre technique (yoga,
gymnastique holistique, peinture ou modelage…) dans
la recherche d'un "mieux-vivre", ou avec un projet
thérapeutique…
- d'autres encore souhaiteront être psychothérapeutes
psychocorporels Vittoz.
Il n'y a pas un chemin qui serait le même pour tous.
Chacun d'entre vous, dans son évolution spécifique, ira
dans telle ou telle direction. Ce choix se fera, souvent,
avec votre thérapeute…
La "formation après la formation", qui va commencer pour
vous, vous permettra de préciser votre désir, vos
tendances… par la Formation Permanente, à l'I R D C
et/ou ailleurs… Et c'est en fonction du type de
travail que vous ferez qu'il sera nécessaire ou non
d'approfondir un lien avec la psychanalyse…ou avec
d'autres recherches ou techniques…
En ce qui concerne la psychanalyse, comment approfondir
cette connaissance ?…
À partir de vos cours, vous avez déjà une bibliographie
importante, qui doit vous aider. Les livres que vous ont
conseillé vos thérapeutes et que vous n'avez pas encore
lus, vous y viendrez , peut être à propos d'une difficulté
personnelle, peut être parce que le problème posé par un
patient vous y enverra…peut être par
curiosité…
Vous pourrez aussi être intéressés par des conférences,
dont certaines sont faites par des psychanalystes…
Là aussi, si vous en tirez un savoir, vous vous laisserez
surtout questionner par elles.
Si vous avez du mal avec les concepts analytiques, vous
pouvez lire, d'abord, un ouvrage qui a été célèbre en son
temps (les années 60, à une époque où le grand public
commençait à s'intéresser à la psychanalyse). C'est le
récit d'une femme qui raconte sa psychanalyse. Pour nous,
thérapeutes somato-psychiques, cela est particulièrement
intéressant : il s'agit de souffrances qui passent par le
corps, et d'une sorte de "renaissance" à partir des mots
qui disent ces souffrances… Il s'agit du livre de
Marie Cardinal : "Les mots pour le dire"… des mots
concrets, et non un langage cérébral…
L'essentiel n'est pas "tout connaître de la psychanalyse",
mais vous développerez votre écoute de l'inconscient (le
votre, celui du patient). Nous avons vu en effet que c'est
ce qu'il y a de commun entre Freud et Vittoz.
Vous avez, ou vous allez avoir des patients. Vous irez donc
voir un superviseur. Et là, il y aura trois personnes :
le patient, puisque vous
arriverez avec son histoire, ses attitudes corporelles, ses
mots… ses difficultés, parfois, au cours d'un
exercice… ses larmes et ses "progrès"…
vous: en parlant du patient, et
des questions qu'il vous pose, vous parlerez de
vous…
le superviseur, qui par ses
questions, ses reformulations, parfois ses silences, vous
permettra d'entendre ce qui, du dialogue d'inconscient à
inconscient avec le patient, n'avait pas été
entendu…
Il ne s'agit donc pas d'un travail de psychanalyse (ne nous
prenons surtout pas pour des psychanalystes), mais d'un
travail qui développera peu à peu votre capacité à entendre
ce qui n'est pas dit, chez les patients que vous
accompagnerez, mais aussi chez vous.
Cette "deuxième tranche" de formation prend corps à partir
du travail fait avec votre premier patient qui, comme le
dit Winnicott, va "payer pour vous instruire".
Il s'agit d'une clarification qui se fait par le vécu
relationnel entre trois personnes : le patient, le
superviseur et vous…
Sachez qu'une liste de superviseurs est en préparation à
l'IRDC. Ces superviseurs vittoziens, il leur est demandé
d'avoir fait un parcours analytique. Si vous choisissez un
superviseur "hors IRDC", ce sera forcément quelqu'un qui
aura travaillé sur son inconscient. Dans tous les cas,
l'attitude du superviseur, ses questions, la qualité de ses
silences, ses reformulations, vous permettront d'éclaircir
votre écoute des patients, votre attitude envers eux. De
voir si, pour un patient donné à un moment donné, vous
serez plutôt dans le conseil, dans un échange de personne à
personne, ou si se met en place une relation d'inconscient
à inconscient.
Cette capacité de questionnement, liée à la culture du
doute, nous permet de ne pas "manipuler" le patient, de le
laisser libre de ses associations…en lui laissant le
temps nécessaire à son évolution … en respectant ses
résistances… en respectant vos résistances, mais en
les travaillant…
Vous forcer, ou vous interdire, serait dommageable et pour
vos patients et pour vous…
C'est cela, plus qu'une culture analytique qui resterait
purement cérébrale, qui vous conduira.
Votre capacité de questionnement, liée à la culture de la
remise en question, nous permet de ne pas "manipuler" le
patient, de le laisser libre de ses associations… en
lui permettant de prendre le temps nécessaire… en
respectant ses résistances, tout en l'aidant à les
assouplir, en respectant, mais aussi en travaillant vos
propres résistances…
Tout cela fait partie de votre formation permanente, et il
se pourra qu'un jour vous ressentiez le besoin de fortifier
votre capacité d'écoute et, spontanément, vous élargirez
vos recherches. Là aussi, votre superviseur sera là pour
vous permettre de choisir les chemins qui seraient bons
pour vous…
Comme vous le voyez, le chemin que vous suivrez ne sera pas
tout tracé, il se construira en marchant .
CONNAITRE LA PSYCHANALYSE
Réponse à un questionnement
d’étudiants en formation Vittoz, à la suite
d’un cours sur « Ethique et
déontologie ».
"Je ne connais pas bien la psychanalyse".
Ce que j'ai entendu, venant de l'une d'entre vous, était
"Je ne sais pas ( suffisamment) ce que c'est."
Derrière cette question, je crois avoir entendu aussi :
"Moi, étudiante en formation Vittoz, j'aimerais savoir ce
qu'est la psychanalyse, mais j'aimerais savoir si la
connaissance de la psychanalyse est nécessaire pour
transmettre le Vittoz…"
Nous allons donc dans un premier temps réfléchir à ce
qu'est la connaissance de la psychanalyse, plus d'un siècle
après sa naissance…Nous verrons ensuite ce qu'il
peut y avoir de commun et de différent entre psychanalyse
et méthode Vittoz… Enfin, nous chercherons à cerner
la nécessité - ou non - de connaître la psychanalyse pour
transmettre la méthode Vittoz.
CONNAITRE LA PSYCHANALYSE :
Connaître : savoir; mais aussi reconnaître, distinguer une
chose d'une autre…avoir dans l'esprit en tant
qu'objet de pensée… Cela va d'une connaissance a
minima à une recherche approfondie…
Vous avez pris connaissance de la méthode Vittoz, au cours
de ces quatre années (plus pour certains d'entre vous) de
deux manières :
la pratique :vécu des exercices
proposés pendant les cours et travail , didactique (les
exercices encore) et thérapeutique, avec vos formateurs;
la théorie : comment "ça se
fait", ce qui se passe (sur le plan de la
neuro-physiologie, sur le plan de la psychologie…) ,
comment "bien" induire, qu'est-ce qui se passe au cours des
exercices, la relation thérapeutique…
Ce développement de votre savoir s'est fait, tout au long
des quatre années de formation. Mais, vous l'avez senti,
c'est aussi parce que vous avez découvert par le vécu
corporel, les bienfaits de la méthode Vittoz, que vous la
connaissez .
Dans le même esprit, on peut aborder la connaissance de la
psychanalyse de deux façons :
en faisant une cure
psychanalytique: et si, le plus souvent, elle s'adresse à
un certain type de personnes en souffrance, d'autres vont
chercher, chez Freud et ses successeurs, une certaine forme
de culture, un enrichissement de leur forme de pensée.
de manière plus intellectuelle,
en lisant : Freud , Jung et leurs successeurs (et chez
nous, Vittoziens, la lecture permettra forcément des
résonances corporelles…
Mais je crois entendre, aussi, dans votre question : dans
la formation que vous recevez, dans le but de transmettre
le message de Vittoz, est-il nécessaire de connaître la
psychanalyse? Quelle connaissance? Est-il nécessaire
d'avoir fait un parcours analytique?
" L'honnête homme" du XXI° siècle a intérêt, pour
comprendre ses semblables et communiquer au mieux, à se
tenir au courant des grandes écoles de pensée… une
initiation aux théories de Freud fait partie de la culture
philosophique.
D'autre part, comme vous le savez, chacun d'entre nous est
unique, et découvrira, approfondira, sa voie… par
des lectures, par des rencontres; il nourrit son savoir .
Mais parallèlement il enrichit son être.
CE QU'IL Y A DE COMMUN ENTRE FREUD ET VITTOZ
Nous ne savons pas si Vittoz avait entendu parler de Freud.
Lorsqu'il parle de "cerveau conscient", Vittoz emploie le
concept "conscient" dans un sens différent de ce qu'en dit
Freud.
Cependant, il est un terme, très important, que nous
retrouvons dans les écrits de chacun d'eux : le cliché.
Au cours de votre thérapie, à partir des exercices, des
"expériences" , vous avez été en relation avec vos
émotions, vous avez rencontré un "cliché"… Vous avez
découvert que la pratique vittozienne peut vous mettre en
relation avec votre inconscient.
Pour Vittoz : "Il n'est pas de psychasthénique qui ne
présente dans le cours de la maladie certains symptômes
apparaissant brusquement sous certaines conditions et dont,
au premier abord, la cause paraît inexplicable. Cela peut
être un malaise, une peur, une angoisse, comme aussi un
symptôme physique, douleur, vertiges, nausées, palpitations
.
Cette cause inexplicable n'est, au fond, qu'une impression
ancienne, cristallisée pour ainsi dire dans le cerveau, qui
reproduit toujours le même symptôme par un mécanisme
inconscient du malade; elle est presque toujours ignorée du
patient, ou, s'il la connaît, il ne lui attribue pas les
symptômes qu'elle produit. Nous lui donnons le nom de
cliché, du fait de sa persistance."
Pour Freud : " Noublions pas que tout individu, de par
l'action concomitante d'une prédisposition naturelle et des
faits survenus pendant son enfance, possède une manière
d'être personnelle , déterminée, de vivre sa vie amoureuse,
c'est-à-dire que sa façon d'aimer est soumise à certaines
conditions, qu'il y satisfait certaines pulsions et qu'il
se pose certains buts. On obtient ainsi une sorte de cliché
(quelquefois plusieurs), cliché qui, au cours de
l'existence, se répète plusieurs fois,se reproduit quand
les circonstances extérieures et la nature des objets aimés
accessibles le permettent et peuvent , dans une certaine
mesure, être modifiés par des impressions ultérieures.
(…) Tout individu auquel la réalité n'apporte pas la
satisfaction entière de son besoin d'amour se tourne
inévitablement , avec un certain espoir libidinal, vers
tout nouveau personnage qui entre dans sa vie , et il est
dès lors plus que probable que les deux parts de sa libido,
celle qui est capable d'accéder au conscient et celle qui
demeure inconsciente, vont jouer leur rôle dans cette
attitude.
Il est ainsi tout à fait normal et compréhensible de voir
l'état libidinal en état d'attente et tout prêt, comme il
l'est chez ceux qui ne sont qu'imparfaitement satisfaits, à
se porter sur la personne du médecin. ..… Cet
investissement va s'attacher à des prototypes, conformément
à l'un des clichés déjà présents chez le sujet en question.
… ..Le transfert est dû non seulement aux idées et
aux espoirs conscients du patient , mais aussi à tout ce
qui a été réprimé et est devenu inconscient".
Vous le voyez Freud, parlant du cliché, parle du transfert,
dont vous savez qu'il fait partie de la thérapie, quelle
que soit sa forme. Mais, même si Vittoz n'a pas théorisé
sur le transfert, nous savons bien que cette relation si
particulière entre thérapeute et patient joue un rôle
important dans la relation thérapeutique.
LE QUESTIONNEMENT DE CHACUN
Vous avez eu des cours d'initiation à la psychanalyse.
Plusieurs enseignants vous ont conseillé la lecture
d'ouvrages de psychanalyse : Freud, mais aussi Anzieu,
Winnicott, Mélanie Klein, Bonnafé, Harold Searles,
Dolto… vous les avez lus en relation avec ce que
vous savez, ce que vous vivez, de la thérapie
Vittoz… Sans un minimum de connaissance, vous
n'auriez pu assimiler les cours de
psycho-pathologie… Mais nous ne vous avons pas
demandé d'aller aussi loin que les personnes qui se
préparent à devenir psychanalystes…
Vous allez poursuivre recherche de connaissances, lectures,
éventuellement conférences, séminaires… Quelle est
la part que vous devrez donner à la poursuite de cette
connaissance psychanalytique?
QUEL VITTOZIEN SEREZ-VOUS?
En ce moment de votre formation, vous cherchez à préciser
ce que vous ferez de cette formation :
- certains d'entre vous proposeront des expériences Vittoz
dans des établissements scolaires, dans des écoles
d'infirmiers, d'assistants sociaux, dans des entreprises,
dans des maisons de retraite……
- d'autres choisiront de proposer - en groupe ou
individuellement - cet art de vivre qu'est la méthode à des
personnes qui ne souhaitent pas faire une psychothérapie
longue et approfondie;
- vous proposerez peut-être de vivre une expérience
vittozienne en même temps qu'une autre technique (yoga,
gymnastique holistique, peinture ou modelage…) dans
la recherche d'un "mieux-vivre", ou avec un projet
thérapeutique…
- d'autres encore souhaiteront être psychothérapeutes
psychocorporels Vittoz.
Il n'y a pas un chemin qui serait le même pour tous.
Chacun d'entre vous, dans son évolution spécifique, ira
dans telle ou telle direction. Ce choix se fera, souvent,
avec votre thérapeute…
La "formation après la formation", qui va commencer pour
vous, vous permettra de préciser votre désir, vos
tendances… par la Formation Permanente,à l'I R D C
et/ou ailleurs… Et c'est en fonction du type de
travail que vous ferez qu'il sera nécessaire ou non
d'approfondir un lien avec la psychanalyse…ou avec
d'autres recherches ou techniques…
En ce qui concerne la psychanalyse, comment approfondir
cette connaissance ?…
À partir de vos cours, vous avez déjà une bibliographie
importante, qui doit vous aider. Les livres que vous ont
conseillé vos thérapeutes et que vous n'avez pas encore
lus, vous y viendrez , peut être à propos d'une difficulté
personnelle, peut être parce que le problème posé par un
patient vous y enverra…peut être par
curiosité…
Vous pourrez aussi être intéressés par des conférences,
dont certaines sont faites par des psychanalystes…
Là aussi, si vous en tirez un savoir, vous vous laisserez
surtout questionner par elles.
Si vous avez du mal avec les concepts analytiques, vous
pouvez lire, d'abord, un ouvrage qui a été célèbre en son
temps (les années 60, à une époque où le grand public
commençait à s'intéresser à la psychanalyse). C'est le
récit d'une femme qui raconte sa psychanalyse. Pour nous,
thérapeutes somato-psychiques, cela est particulièrement
intéressant : il s'agit de souffrances qui passent par le
corps, et d'une sorte de "renaissance" à partir des mots
qui disent ces souffrances… Il s'agit du livre de
Marie Cardinal : "Les mots pour le dire"… des mots
concrets, et non un langage cérébral…
L'essentiel n'est pas "tout connaître de la psychanalyse",
mais vous développerez votre écoute de l'inconscient (le
votre, celui du patient). Nous avons vu en effet que c'est
ce qu'il y a de commun entre Freud et Vittoz.
Vous avez, ou vous allez avoir des patients. Vous irez donc
voir un superviseur. Et là, il y aura trois personnes :
le patient, puisque vous
arriverez avec son histoire, ses attitudes corporelles, ses
mots… ses difficultés, parfois, au cours d'un
exercice… ses larmes et ses "progrès"…
vous: en parlant du patient, et
des questions qu'il vous pose, vous parlerez de
vous…
le superviseur, qui par ses
questions, ses reformulations, parfois ses silences, vous
permettra d'entendre ce qui, du dialogue d'inconscient à
inconscient avec le patient, n'avait pas été
entendu…
Il ne s'agit donc pas d'un travail de psychanalyse (ne nous
prenons surtout pas pour des psychanalystes), mais d'un
travail qui développera peu à peu votre capacité à entendre
ce qui n'est pas dit, chez les patients que vous
accompagnerez, mais aussi chez vous.
Cette "deuxième tranche" de formation prend corps à partir
du travail fait avec votre premier patient qui, comme le
dit Winnicott, va "payer pour vous instruire".
Il s'agit d'une clarification qui se fait par le vécu
relationnel entre trois personnes : le patient, le
superviseur et vous…
Sachez qu'une liste de superviseurs est en préparation à
l'IRDC. Ces superviseurs vittoziens, il leur est demandé
d'avoir fait un parcours analytique. Si vous choisissez un
superviseur "hors IRDC", ce sera forcément quelqu'un qui
aura travaillé sur son inconscient. Dans tous les cas,
l'attitude du superviseur, ses questions, la qualité de ses
silences, ses reformulations, vous permettront d'éclaircir
votre écoute des patients, votre attitude envers eux. De
voir si, pour un patient donné à un moment donné, vous
serez plutôt dans le conseil, dans un échange de personne à
personne, ou si se met en place une relation d'inconscient
à inconscient.
Cette capacité de questionnement, liée à la culture du
doute, nous permet de ne pas "manipuler" le patient, de le
laisser libre de ses associations…en lui laissant le
temps nécessaire à son évolution … en respectant ses
résistances… en respectant vos résistances, mais en
les travaillant…
Vous forcer, ou vous interdire, serait dommageable et pour
vos patients et pour vous…
C'est cela, plus qu'une culture analytique qui resterait
purement cérébrale, qui vous conduira.
Votre capacité de questionnement, liée à la culture de la
remise en question, nous permet de ne pas "manipuler" le
patient, de le laisser libre de ses associations… en
lui permettant de prendre le temps nécessaire… en
respectant ses résistances, tout en l'aidant à les
assouplir, en respectant, mais aussi en travaillant vos
propres résistances…
Tout cela fait partie de votre formation permanente, et il
se pourra qu'un jour vous ressentiez le besoin de fortifier
votre capacité d'écoute et, spontanément, vous élargirez
vos recherches. Là aussi, votre superviseur sera là pour
vous permettre de choisir les chemins qui seraient bons
pour vous…
Comme vous le voyez, le chemin que vous suivrez ne sera pas
tout tracé, il se construira en marchant .
Écoutons le poète Antonio Machado :
Marcheur, ce sont tes
traces,
Ce chemin et rien de plus;
Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se construit en marchant.
En marchant se construit le chemin
Et en regardant en arrière,
On voit la sente que jamais
On ne foulera à nouveau.
Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Seulement des sillages sur la mer.
Suivez votre voie.
Mars 2011