Les textes qui suivent vont proposer une série de réflexions, concernant la pratique d'un thérapeute psychocorporel : parfois échanges avec des élèves en formation, parfois vignettes cliniques, parfois associations à propos de choses lues, entendues, et bien vite, je l'espère, à partir de réactions des internautes, parmi lesquels des élèves en formation Vittoz ou de jeunes thérapeutes somatopsychiques, quelle que soit leur école.
Aujourd'hui, une lettre envoyée à un étudiant en fin de formation. Dominique n'existe pas, mais il est bien vivant. Il représente les futurs psychothérapeutes exigeants, avec les questions qu'ils se posent.
En fonction des questions que pose la formation des étudiants futurs thérapeutes, je noterai ici mes réflexions.

LETTRE À UN JEUNE THERAPEUTE

Dominique,

Il y a un peu plus de quatre ans que nous nous sommes vus pour la première fois. Vous veniez poser
une demande de formation à la méthode Vittoz.
Vous étiez intimidé, et surtout vous ne saviez pas
si vous posiez cette demande pour approfondir votre pratique de la méthode, pour vous, ou bien pour les autres,
pour la transmettre.

Je m'en suis réjouie. Parce que je suis persuadée
que nous ne pouvons pas accompagner les autres,
par une sorte de pure bonté d'âme, sur un chemin,
si nous n'avons pas parcouru nous-même ce chemin,
avec toutes les difficultés qu'il peut présenter.
Et j'ai cru sentir que vous le saviez.
Vous étiez inquiet parce que vous n'avez pas
de diplôme universitaire de psychologie. Mais vous avez parlé de la psychothérapie psychanalytique que vous avez suivie; vous avez dit comment, après l'arrêt de vos séances,
vous avez été entrainé tout naturellement à la recherche de cette culture psychanalytique qui vous passionnait …
Freud et ses successeurs …

Je vous ai rassuré. Cette culture est indispensable
pour un thérapeute, elle doit s'enrichir de connaissances
en psychopathologie, de lectures nombreuses et exigeantes,
de rencontres et de séminaires (et vous avez mis en route
ce travail au cours des quatre années de formation,
sachant que vous n'aurez jamais fini d'acquérir des connaissances); mais vous aviez commencé par l'essentiel :
une mise en question de votre personne.
Je crois avoir entendu que vous avez compris, senti,
tout ce qui s'est passé entre votre thérapeute et vous,
et que c'est cette relation qui a vivifié
le questionnement que vous aviez mis en route…
Vous avez donc fait, dans l'institut Vittoz, quatre ans d'études, parallèlement à quatre années de travail thérapeutique. Vous avez passé heureusement les épreuves qui ont jalonné
ces quatre années. Après la rédaction d'un dossier,
vous avez été jugé apte à "l'exercice de la psychothérapie Vittoz". Et vous m'écrivez pour me demander :
"Suis-je vraiment capable?"

Ecoutez Rainer Maria Rilke
(Lettres à un jeune poète, trad. Bernard Grasset et Rainer Biemel, Grasset édit. ) :
Entrez en vous-même. Sondez les profondeurs
où votre vie prend sa source. C'est là que vous trouverez
la réponse à la question.

Cette réponse, elle se trouvera, bien sûr, parfois face à quelqu'un, dans la poursuite de votre thérapie. Elle se fera dans votre association, dans vos rencontres.
Mais elle dépend de vous.